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Qui c'est celui-là ?

Qu'est-ce qu'il fait ? Qu'est-ce qu'il a ? Qui c'est celui-là ? chantait Pierre Vassiliu en 1974. Je partage avec lui une personnalité loufoque, difficilement classable, à l'univers déjanté.

Pierre-Yves Nédélec, un auteur loufoque à l'univers déjanté

Loufoque et déjanté : un remède contre l’ennui.

Les gens qui m’aiment bien vous le diront : je suis un type absolument adorable, qui cherche toujours à faire plaisir, à rendre service, et à surtout ne rien déranger. Mais ça, c’est la partie visible de l’iceberg. Celle que j’ai donné à voir au monde extérieur depuis que, tout petit déjà, j’ai compris que mon entourage n’avait rien à faire de mes désirs, de mes envies, et de mes aspirations. J’ai donc lutté pour être conforme à ce que la société attendait de moi, ce qui m’a permis de m’ennuyer depuis le premier jour de rentrée au jardin d’enfant jusqu’à la fin de ma carrière professionnelle de cadre de gestion. J’ai heureusement découvert l’écriture très tôt, et, à l’exception d’une courte période durant laquelle j’écrivais pour décrocher le Goncourt, j’ai donné libre cours à l’imagination débordante qui me caractérise. Loup-Phoque sont mes totems…

Tout petit déjà...

Je fus un gros bébé. J’ai péniblement fait mes premiers pas à 16 mois, sans réussir à plier les genoux parce que j’étais trop serré dans mes salopettes. Et puis, je me déplaçait très bien sur les fesses, je ne comprenais donc pas pourquoi l’on cherchait systématiquement à me faire mettre debout. En revanche, le langage m’intéressait. Communiquer avec les adultes qui m’entouraient me semblait digne d’efforts, et c’est ainsi qu’à deux ans, j’étais capable de tenir une conversation claire et logique, et à réciter, sans faute, mes premières fables de La Fontaine. Affublé de pieds faiblards qui m’obligeaient à porter des chaussures orthopédiques, je délaissais le foûtebole pour la lecture, rien que la lecture, toute la lecture, y compris, très tôt, les quelques San-Antonio qui trônaient dans la bibliothèque parentale. Mais j’aimais également la poésie, les textes romantiques, les rimes riches et le rythme magique de l’alexandrin.

Manipuler les mots comme dans un jeu de construction.

Ce que j’aime, ce sont les mots, comme une matière avec laquelle on peut travailler, et surtout jouer. J’aime plus que tout m’amuser avec les mots, superbes éléments d’un jeu de construction particulier. Il existe, heureusement, de « bons auteurs » qui s’amusent à ces jeux-là. Merci à Georges Fourest, dont « La Négresse Blonde » m’a fait hurler de rire, à Brassens dont j’ai appris « Gare au Gorille » quand j’ignorais encore ce qu’était un pucelage, et à Boris Vian dont j’aime à déclamer le fameux « je veux bien qu’on me les coupe » dès que j’ai bu un coup dans un banquet. Je profite qu’ils se soient retirés du monde pour les déclarer co-parrains de ce livre, sans risque de prendre un vent

Exigence du style, liberté du sujet : l’art de la parodie.

J’écris avec, perchés sur les épaules, deux personnages classiques. Sur ma droite, costume fripé, chemise blanche, lunettes épaisses et crâne dégarni au centre, c’est Pioupiou, professeur de lettres classiques de son vivant, aujourd’hui gardien de l’orthodoxie, envoyé officiel du Saint-Ciel pour me servir de directeur de conscience littéraire. Fiable, efficace, chiant. A ma gauche, en teeshirt, jeans élimé, baskets, le cheveu long, l’œil rougi mais goguenard et le menton rêche, je vous présente Nanar, dont l’objectif, fixé par le Satan des lettres, consiste à me faire déraper, à me faire écrire des horreurs, à faire hurler ma mère à la lecture de mes vers, mais toujours avec style.

La petite musique ne nuit

D’autres mots, encore, pour décrire ma méthode de travail, bien que l’expression ne convienne guère à la situation. Il faut comprendre que je pars de la musique que des mots enchaînés créent dans ma tête, et que je me laisse aller, ensuite, à changer la situation, en essayant de respecter les accords et le tempo, et en cherchant, avant tout, à m’amuser. C’est ainsi que « Les portes du pénitencier » deviennent, dans une parodie « Il porte un dur pénis entier », qui raconte l’histoire d’un homme non-circoncis. Je demande par avance humblement pardon à tous ceux que ces textes pourraient offusquer. Telle n’était pas mon intention. Et d’abord, je n’oblige personne à les lire. A bon entendeur, salut.